Bye bye espoir. Bonjour loi 20.

Je suis avec mon mari depuis le 2 avril 2011. Nous nous sommes fiancés à 8 mois de relation. Un an plus tard, nous étions mariés, soit le 8 septembre 2012 (que vous avez peut-être suivi sur ce même blogue).

Je l’avoue, je vis une relation de couple de rêve. J’ai un homme merveilleux. Je suis traitée en princesse. Nous sommes un couple, mais par dessus tout, nous sommes des complices, des amis. Je sais, je sais, c’est super cliché, mais c’est tout de même vrai. Nous travaillons ensemble, sur le même projet, dans le même petit bureau, côte-à-côte, tous les jours. À part les chats, rien pour nous distraire, à part l’autre. Donc, amoureux, complices, amis et collègues. Bon, comme tout couple, on hausse la voix de temps à autres (surtout quand on parle de travail), des fois on se tape sur les nerfs. Je vous rassure, on est normal.

Notre vie n’est malheureusement pas un conte de fée qui se termine par «ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants». Non. Ça ressemble plutôt à «ils se marièrent et tentèrent de faire des enfants, sans succès».

Aujourd’hui, nous sommes le 28 novembre 2014. Cela fait plus d’un an que nous sommes dans les procédures d’infertilité. Ça n’a pas été de tout repos.

J’ai une médecin de famille. Elle est installée depuis quelques temps dans une résidence pour personnes âgées. Comme je la consulte qu’une fois aux 2 ans, elle avait comme oublié mon existence et se le rappeler n’a pas eu l’air d’y faire plaisir.

Moi : «Bonjour docteur, je suis mariée et nous voulons avoir des enfants.Ça fait environ 1 an qu’on essaie.»

Elle : «Ouin, ça commence à presser, t’as 31 ans!»

Moi : «C’est pour ça que je suis ici, est-ce possible de prendre mon mari comme patient et de lui prescrire un spermogramme.»

Elle : «Non. Il faudrait attendre quelques années pour que mes patients meurent. Je vais avoir plus de disponibilités»

… La consultation se poursuit. Je lui parle de quelques problèmes à lesquels elle me propose comme solution d’utiliser la pilule. (*Insérer un slow clap ici *)

Bref, je réussi à lui faire signer une prescription pour mon mari. Mais rien pour moi. Ça peut attendre selon elle.

Quelques mois passent après le spermogramme, pas de nouvelle. On rappelle, elle ne semble pas avoir reçu les résultats. Niaisage. Repasse un 2e spermogramme qu’elle n’est pas capable de lire et envoie mon mari chez un urologue, spécialisé en cancer. Qui lui, le référera par la suite à un urologue spécialiste en fertilité. Encore du beau niaisage!

On vient de perdre près de 4 mois. On a toujours aucune idée de ce qui se passe.

SUPER le système de santé. SUPER l’empathie des médecins!

Notre dossier est ouvert chez Ovo depuis le printemps. On a tout fait les tests. On a rencontré un urologue, une généticienne (qui a été merveilleuse), des gynécologues (jamais le/la même!) On nous explique pas grand chose, c’est comme si on devait tout savoir. Mais au moins, on a un suivi. On sent que nous sommes enfin sur la bonne voie.

Finalement. J’aurai ma première insémination artificielle la semaine prochaine. J’ai vraiment beaucoup d’espoir. J’ai énormément d’espoir parce que je désire et souhaite cet enfant depuis près de 2 ans et demi maintenant. Pendant ce temps-là, je regarde aller mes meilleures amies avec leur magnifique petite fille et j’ai espoir que moi aussi je pourrai me regarder aller avec mon magnifique enfant. Parce que t’sais, il va être beau, regardez-nous la face!!!

Dans tout ce processus, qui n’a l’air de rien de l’extérieur, est extrêmement éprouvant. C’est une montagne russe d’émotions. TOUT le temps.

Jour 1. Tu te rends compte que t’es pas enceinte. Fatalité.

Jour 9-10. Tu commences à faire pipi sur un bâton pour t’avertir quand c’est le moment de faire l’amour. Ou plutôt de copuler, parce que rendu là, tu ne fais plus l’amour, tu fais tout pour te reproduire.

Jour 23-24. Mal aux seins!? Maux de coeur?! Tu essayes de percevoir tous les signes possibles. Tu y crois fort fort.

Jour 26-27. Petits saignements mais tu gardes espoirs, ça arrive des fois, même quand t’es enceinte.

Et le fatidique jour 1 revient, et tu regardes le fond de la toilette avec les yeux brouillés de larmes parce que TU AS ENCORE ÉCHOUÉE!

Pendant ce temps, t’apprends qu’une telle est enceinte et une autre vient d’accoucher.

Depuis 2 ans et demi…

Aujourd’hui, avec ce projet de loi 20, on nous demande d’ajouter à notre quotidien, le stress d’une dette d’environ 10 000$ (une seule FIV) pour avoir un enfant. Et si tu ne l’as pas, on te demande de faire une croix sur la nature d’une femme, soit de donner naissance à un bébé. On décide pour moi, de me priver d’avoir un enfant? Moi qui n’a que de l’amour à donner à cet enfant. Moi qui lui donnera une belle vie. Moi qui fera en sorte que cet enfant grandisse, évolue et devienne autonome. Qu’il réussisse sa vie et qu’il devienne un payeur de taxes et d’impôts comme vous le souhaitez Monsieur! Mais alors, pourquoi!????

Aujourd’hui, j’ai peur. J’ai peur qu’après mes 2 inséminations artificielles prévues, je ne puisse me rendre à la Fécondation In Vitro. Parce qu’on aura pas droit aux crédits d’impôts, parce qu’on aura pas les moyens tout de suite de payer. Et que j’ai 32 ans et que je me suis fais dire qu’il fallait se dépêcher. Parce que bientôt, il sera trop tard pour moi.

J’ai peur, et je pleure.

Merci M. Barrette de vouloir m’enlever la plus belle chose au monde. Un enfant. Mon enfant.

À défaut de pouvoir tenir mon enfant, j'en profite auprès des petites de mes amies.

À défaut de pouvoir tenir mon enfant, j’en profite avec les petites de mes amies.